La durée d’amortissement, un levier financier sous utilisé

En France, la comptabilité était avant tout considérée comme un outil fiscal, contrairement aux pays Anglo-saxons où elle est essentiellement un outil de gestion financière. La comptabilité pour ces pays est une garantie pour l’actionnaire de la fiabilité et de la sincérité des informations qui lui sont fournis. Les IFRS sont le reflet de cette vision actionnariale de la comptabilité. A l’origine, c’est une norme d’information financière applicable aux véhicules faisant appel à l’épargne publique et en particulier ceux cotés sur les marchés boursiers. Elle est depuis devenue le standard non seulement pour les grands groupes cotés mais également les ETI et les établissements publics.

Dans le contexte national, les règles d’amortissement, en particulier la durée, étaient fixés par l’administration fiscale qui « préconisait » des directives aux services comptables. L’extension progressive des IFRS, pour lesquelles la durée d’amortissement doit être le reflet strict de la réalité économique d’usage a totalement changé la donne. La durée de vie technique d’un actif est généralement très supérieure aux préconisations fiscales. Sur le poste construction par exemple, il est parfaitement envisageable d’amortir la structure sur 60 ou 70 ans. Bien loin des 20 ans, qui était la norme il y a encore quelques années. Nos experts préconisent même des durées de vie de 100 ans sur certaines infrastructures techniques.

Il faut toutefois avoir à l’esprit que la durée d’amortissement ne dépend pas seulement de la durée de vie technique mais peut, et doit, être capée par la visibilité économique et juridique. Parmi les exemples les plus courants, les travaux d’aménagements réalisés par un locataire doivent être amortis sur la durée résiduelle du bail quand bien même ils seront encore présents et en état de fonctionnement bien longtemps après.

Au-delà de cet exemple d’application simple, bien d’autres cas de figure peuvent se présenter à la direction financière. Ils nécessitent des réflexions plus approfondies et un arbitrage entre la prudence (raccourcir les durées d’amortissement) et la capacité de l’entreprise à faire face aux charges d’amortissement sans déséquilibrer son compte de résultat.

Souvent négligée, l’optimisation de la gestion des immobilisations par les bons choix d’amortissement est un enjeu fort de pilotage économique de l’entreprise par la direction financière.

Les pré-requis d’une gestion optimale des immobilisations et des charges d’amortissement sont :

  • Un logiciel comptable performant et bien maîtrisé par les équipes
  • Un fichier des immobilisations qui reflète qualitativement et quantitativement la réalité des actifs
    • Des inventaires physiques réguliers
    • Une catégorisation par nature de bien
    • Des affectations analytiques en phase avec l’usage réel dans le processus de production
    • Une vision claire de toutes les dimensions économiques, fiscales, techniques et stratégiques.